Aujourd'hui, nous avons le plaisir de vous présenter Didier Castel, une figure emblématique de l'hôtellerie parisienne et un membre actif de l'UMIH Paris-IDF.
Il partagera avec nous son expérience, ses défis et ses perspectives sur l'industrie hôtelière, ainsi que son rôle crucial au sein de notre syndicat.
Pouvez-vous nous parler de votre rôle en tant que trésorier de l'UMIH Paris IDF et de votre implication dans le syndicat ?
« Bien sûr ! En tant que trésorier de l’UMIH Paris-IDF depuis sa création et auparavant trésorier de la Chambre Syndicale des Hôteliers Restaurateurs de Paris, UMIH Paris, je représente les métiers de l’hôtellerie au sein de l'organisation et dans les médias.
Mon hôtel, membre du syndicat depuis quatre générations, me donne une perspective unique sur les défis et opportunités de notre secteur. »
Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confronté dans votre activité quotidienne en tant qu’hôtelier à Paris ?
« Le recrutement constitue un défi majeur, en raison des horaires décalés avec du travail de nuit, les weekends, l’impossibilité de faire du télétravail. Il y a peu de candidats et nous sommes confrontés au manque de qualification de certains. En tant que métier de service, le personnel dans les hôtels doit être accueillant et avenant pour garantir une expérience client de qualité. »
« Quand j’ai commencé à travailler, 90% de mes salariés vivaient à Paris intra-muros. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé à seulement 15%. Cette évolution accroît les difficultés de recrutement, car nos salariés deviennent dépendants des transports en commun et de leurs horaires. »
Comment envisagez-vous les Jeux Olympiques 2024 et comment vous préparez-vous en conséquence pour votre établissement ?
« Nous n’avons pas prévu d’opération particulière pendant cette période. Nous adaptons nos prix et conditions de vente pour répondre à la demande (qui est faible actuellement). Par exemple, nous privilégions le non-remboursable pour les réservations pendant cette période afin de gérer efficacement les réservations, d'éviter les annulations massives et que ce soit un casse-tête administratif pour nos équipes.
« Le plus gros défi pour nous pendant les JO va être de gérer les déplacements des salariés et les contraintes logistiques. Très peu vivent à Paris intra-muros et ils seront donc dépendant des transports. Nous appréhendons également les soucis de livraison, de maintenance… nous attendons d’avoir plus d’information à ce sujet. Nous allons essayer de faire un peu de stock avant pour limiter les livraisons mais certains produits ne peuvent pas être acheté trop en avance.
Cet évènement va également affecter notre clientèle traditionnelle qui représente 70% de notre clientèle quotidienne et qui ne se déplacera pas en au mois de juillet et août.
Nous espérons que malgré cela, le rayonnement de Paris nous apporterons des opportunités sur le long terme. »
Comment votre établissement a-t-il traversé la crise sanitaire et quelles ont été les principales mesures que vous avez prises pour y faire face ?
« Nous avons bénéficié d'aides importantes, sans lesquelles plus de la moitié des établissements n'auraient pas survécu. Cependant, le télétravail et les nouvelles technologies ont affecté nos activités. Nous restons optimistes quant à la reprise, mais nous savons que des défis persistent notamment celui du remboursement des PGE qui réduit notre capacité d’emprunt et nous pénalise énormément. »
Quelles sont les principales adaptations que vous envisagez de mettre en œuvre dans votre établissement pour répondre aux attentes des clients et rester compétitif sur le marché de l'hôtellerie à Paris ?
« Dans notre catégorie d’hôtel intermédiaire, il y a peu d’innovations disponibles.
Les principales avancées à envisager se situent dans le domaine de la digitalisation et de la commercialisation de l'hôtel afin de rester compétitif sur le marché.
Booking constitue une vitrine formidable, cependant, ses commissions élevées (17%) posent des problèmes, d'autant plus qu'elles sont non négociables en raison de sa quasi-position monopolistique. De plus, Booking modifie unilatéralement ses conditions, ce qui peut avoir des effets néfastes sur nos établissements. »
Pour conclure, quelle est votre vision de l'avenir de l'industrie hôtelière à Paris et en Île-de-France ?
« Je suis inquiet pour l’hôtellerie individuelle et familiale qui petit à petit disparait au profit de grands groupes. Une majorité des cessions d’hôtels aujourd’hui vont aux groupes.
Néanmoins, je reste confiant dans le potentiel de notre région à attirer les visiteurs du monde entier et à offrir des expériences uniques. Nous devons travailler ensemble pour préserver la diversité et l'authenticité de notre industrie. »